© Laurent Médium 2016
ORDALIE
L’ordalie, c’était le jugement de Dieu réalisé par des moyens « naturels », feu, eau ou
autres…
On retrouve le procédé chez les Germains, chez les Scandinaves mais aussi en Inde : Que
le juge fasse prendre du feu à celui qu’il veut éprouver ou qu’il ordonne de le plonger dans
l’eau. Celui que la flamme ne brûle pas, que l’eau ne fait point surnager doit être reconnu
comme véridique, dit un vieux code indien.
L’ORDALIE PAR LE FEU
Ce jugement de Dieu était surtout réservé aux nobles et aux ecclésiastiques dispensés de
combat.
Une barre de fer – bénite et conservée dans une église – était chauffée et plus ou moins
rougie, selon la gravité du crime et la décision des juges.
L’accusé, qui, au préalable, avait jeûné trois jours au pain et à l’eau et entendu la messe,
devait la prendre plusieurs fois à pleines mains, ou la transporter sur quelques mètres. Ses
mains étaient enfermées dans des sacs scellés. Trois jours après, les sacs étaient ôtés : si
les mains ne portaient aucune trace de brûlure, l’accusé était déclaré innocent.
Il y avait des variantes : on pouvait mettre la main de l’accusé dans un gantelet rougi au
feu, ou ses pieds dans des brodequins de fer rouge (L’Inquisition réutilisera ces
brodequins, pour arracher des aveux à ses victimes).
Il devait aussi marcher sur des socs de charrues rougis (9 socs chez les Germains), où
passer en travers d’un bûcher (chez les Grecs, il devait traverser pieds nus une tranchée
emplie de braises ardentes).
L’ORDALIE PAR L’EAU BOUILLANTE
L’accusé devait prendre, au fond d’un baquet rempli d’eau bouillante, et à une profondeur
proportionnelle à la faute reprochée, un anneau bénit. Le bras était ensuite enfermé dans
un sac scellé et, au bout de trois jours, s’il n’y avait aucune trace de brûlure, l’accusé était
innocenté.
L’ORDALIE PAR L’EAU FROIDE
Le jugement par l’eau froide, qui méconnaissait le principe d’Archimède, consistait à jeter
dans une cuve d’eau l’accusé dont on avait lié la main droite au pied gauche, et la main
gauche au pied droit.
Si le corps s’enfonçait, c’est que l’accusé était innocent ; si le corps flottait, c’est qu’il était
coupable. C’est certes contraire aux lois de la physique, mais la foi religieuse en justifait
l’irrationnel.
Si un corps pouvait flotter à la surface de l’eau, c’est que l’eau était bénite, habitée par
l’Esprit Saint, lequel estimait indigne d’elle d’absorber le corps d’un coupable ! Elle le
rejetait !
Mais il y avait des provinces où celui qui flottait était déclaré innocent, celui qui s’enfonçait
était coupable.
Lorsque les guerriers francs croyaient ne pas être le père d’un enfant, ils ils plaçaient le
nouveau-né sur un bouclier renversé et l’abandonnaient au fil de l’eau d’une rivière.
Si le bouclier ne chavirait pas, ils acceptaient leur paternité.
L’ORDALIE PAR L’ALIMENT
L’accusé de vol devait ingurgiter un morceau de pain d’orge et un morceau de fromage de
brebis sur lesquels on avait dit la messe. S’il était incapable d’avaler cet encas, où s’il le
rejetait en vomissant, il était réputé coupable !
D’après le règlement d’un monastère, si quelqu’un a été pris pour vol et qu’il le nie, il se
rendra le mardi soir à l’église, en habit de laine et nu-pieds, et il y demeurera jusqu’au
samedi.
Il observa un jeûne de trois jours pleins, ne se nourrissant que de pain azyme fait d’orge
pur, d’eau, de sel et de cresson d’eau.
La mesure d’orge, pour chaque jour, sera telle qu’on puisse la prendre en joignant les deux
mains. Du cresson, il en aura une poignée, et du sel autant qu’il en faudra pour ces
aliments.
S’il supportait jusqu’au bout cette grève volontaire de la faim, il était déclaré innocent.
L’ORDALIE PAR LA CROIX
Les deux parties, l’accusateur et l’accusé, étaient placées, pendant la messe, devant une
croix, et devaient garder les bras à l’horizontale.
Le premier qui montrait des signes de fatigue en laissant retomber un bras était déclaré
coupable.
Lothaire 1er , Empereur d’Occident (795-855) interdit cette pratique car personne n’oserait
faire une épreuve par la croix, de peur de faire mépriser la passion du Christ.
Pourtant son grand-père Charlemagne avait demandé, dans son testament, qu’on eut
recours à cette épreuve pour régler les différends provoqués par le partage de son empire
entre ses fils.
Au début du IXe siècle, Agobard, évêque de Lyon, s’insurge contre la détestable opinion de
ceux qui prétendent que Dieu fait connaître sa volonté et son jugement par les épreuves de
l’eau et du feu…
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